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L’étonnante histoire des villes scientifiques soviétiques

Mis à jour le 30 janvier 2020

Dans la Start-Up Nation Française, il est courant de prendre en exemple la Silicon Valley pour parler du développement de cités scientifiques comme le Plateau de Saclay, Sophia Antipolis, Grenoble ou Villeneuve d’Ascq. On oublie souvent que cette Silicon Valley a émergé pendant la Deuxième Guerre Mondiale et la Guerre Froide et encore plus souvent que les soviétiques ont aussi développé des villes autour d’infrastructures de recherche. Dans L’archipel des savants, livre de moins de 80 pages paru dans un petit format original aux Éditions B2, Kevin Limonier nous fait découvrir comment les soviétiques ont bâtit, à partir de rien, des villes comme Doubna, Obninsk ou Baïkonour.

Dès la première phrase du livre, Limonier assume reprendre l’image de l’archipel utilisée par Soljenitsyne dans L‘Archipel du Goulag pour rendre compte de l’organisation soviétique, non pas de la répression des opposants politiques ici mais de celle de la recherche. Cet archipel, ce sont les lieux disséminés au plus profond de l’URSS où se battissent, dans les années 50, des villes entières où vivent, dans de bonnes conditions matérielles, les chercheurs soviétiques chargés de la course aux connaissances nucléaires, aéronautiques, spatiales, biotechnologiques, chimiques, électroniques, etc, contre le Bloc de l’Ouest.

La description de la création de Baïkonour est incroyable: de l’arrivée d’un convoi de wagons en plein milieu de la steppe kazakhe inhabitée en janvier 1955 à l’envoi de Spoutnik 1 faisant des «bip-bip» autour de la terre, il n’y a même pas 3 ans !

Limonier nous raconte l’organisation de ces villes scientifiques qui étaient plus ou moins cachées par un système de fausses localisations géographiques pour berner les espions de l’ouest et qui vont, pour certaines, prendre un peu d’autonomie et devenir des « micro-climats socio-culturels » au bénéfice d’une élite scientifique soviétique.

Un temps laissé en déshérence à la chute de l’Empire Soviétique, le géographe explique que l’archipel voit, depuis une dizaine d’années, certaines de ces îles reprises par le pouvoir russe en place pour afficher une vitrine innovante de start-ups reconvertissant ses chercheurs dans les jeux-vidéos et la recherche biomédicale.

Le modèle de la Startup Nation serait-elle plus inspirée des villages Potempkine que de la Silicon Valley?


L’archipel des savants – Kevin Limonier – Éditions B2 -12€


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